Si je dis « le plus beau jour de ta vie », tu me réponds ?
Le jour où j’ai obtenu mon permis de conduire après 3 ans, 3000 euros et 3 codes ?
Ouiii, mais ça c’est vraiment juste pour moi.
OK, toi réponds plutôt. Alors, le plus beau jour de ta vie ?
MAIS NON, pas ton mariage, ni le jour où tu as enfin trouvé la robe de tes rêves en soldes à 50 % (fait gaffe à internet, c’est comme ça qu’aujourd’hui je me suis retrouvée à ENFIN pouvoir trainer mon cul à la Poste, rentrer avec mon précieux chargement, tout ça pour finalement me retrouver avec une robe qui gratte, qui me comprime la poitrine et qui me fait le cul carré) (OUI, CARRE) (cf ci-dessous).
BREF, tout ça pour dire, le plus beau jour de ta vie, c’est pas ton mariage, c’est ton EVJF.
Pour les vieux au fond, c’est l’enterrement de vie de jeune fille.
Of course ! Comment n’y avais tu pas pensé avant !!
Non je dis ça comme ça, rien à voire avec le fait que le week end dernier on a fait l’EVJF de Carotte, qui se marie avec Bougie en ce béni mois d’octobre.
Bon octobre en Nordie de la France (car tout ce qui est au dessus de Lyon est la Nordie) c’est risqué en termes de climat, du coup pour l’EVJF on n’a pas pris de risque, on est allées au meilleur endroit, certifié 100% exotisme, bonne bouffe, plage et fièvre de la night : Barcelone. Eh ouais on se mouche pas avec les doigts ici.
Barcelona BAYBAY
Ca a commencé soft : Tilde et Lène travaillant au même endroit que Carotte, elles étaient chargées de l’embarquer par surprise depuis son bureau, avec la complicité de la coloc de bureau de Carotte. Elles avaient tout prévu. Tout, sauf que la meuf de la crèche dise à Carotte le matin même « ah oui, je crois que ce soir c’est une copine à vous qui vient chercher le mini-vous » (ou quelque chose du genre), et Carotte qui est finaude s’est dit « aHA ! ». Et a du coup décidé d’être chiante (apparemment et selon ses dires, c’était logique comme raisonnement). Résultat, elle a réussi à faire croire qu’elle s’était barrée du boulot en avance, et quand Tilde et Lène, en panique, ont débarqué dans son bureau, il était vide. Je te passe les péripéties, mais ça a fini qu’il a fallut la dénicher sous un bureau vide avoisinant et l’en déloger au pied de biche.
Ah ça bosse dur !
Au final on a pris la navette pour aller à Beauvais, en plaisantant que c’était pas à l’aéroport qu’on allait mais bien à Beauvais, meilleur endroit pour un EVJF. Entre nous, on a bien failli le faire là pour de vrai tellement Carotte était au bord de nous planter le timing d’avion avec ses histoires de planquage sous bureau.
Au passage, si on était pas au courant que Barcelone est LA destination d’EVJF, dès l’aéroport y avait plus de doutes : un gang de meufs EXCLUSIVEMENT brunes-à-cheveux-bouclés (peut-être un secte ?) trainait une nana de même facture avec un masque sur les yeux, et lui gueulaient dans les pavillons à la moindre annonce d’aéroport pour garder la surprise de la destination jusqu’au bout. Ca aurait pu marcher si Delune n’était pas passée en toute désinvolture à côté de la meuf en disant « Ca va être trop de la boule, Barcelone ! ».
Enfin bon, quand les meufs on débandé les yeux de la future mariée en gueulant BARCELOOOONE elle a quand même fait semblant d’être surprise. Elle était sympa.
Nous pendant ce temps on faisait gentiment la queue avec Carotte qui avait les yeux libres et les oreilles qui sifflaient pas, en toute maturité avec nos cheveux aléatoires de couleur et de boucle.
En passant, merci Ryan Air pour la livraison des bagages #poucesenl’air
Bref le temps de déloger Carotte de la moquette sous le bureau, de faire la navette vers Beauvais, de se casser le cou dans l’avion avec ses sièges low cost et de prendre des taxis pour rejoindre notre pied à terre, on n’a posé nos valises dans l’appart que vers 1h du mat. On y ajoute 45 minutes de la proprio avec sa coupe de Mac Gyver version cheveux aussi raides que des spaghettis crus (les espagnols ne sont pas réputés pour leurs goûts capillaires), histoire de nous montrer où fuit le robinet, comment ouvrir la boîte à fusibles (=avec la porte), les verres à pieds versus les verres sans pieds et autres trucs super intéressants.
Heureusement qu’elle était là pour nous indiquer l’endroit où trouver des bars en terrasse pas loin, haha… Sauf que quand on y est allées, on a juste trouvé des cafés resto en train de remballer les tables d’extérieur, avec no music, no ambiance, bref la mort du fun. Par contre y avait un distributeur ultime de la NASA un truc de maboule.
On a terminé dans le bar à côté de chez nous, qui était drôlement sympa en fait. Je pense que les mecs étaient désespérés de voir 9 gonzesses rentrer à 2h du mat alors qu’ils fermaient à 3h, mais bon les affaires sont les affaires. En plus on a mis l’ambiance, on avait un super jeu à boire pour Carotte à base de questions auxquelles Bougie avait répondu et elle devait boire si elle trouvait pas, et faire boire quelqu’une si elle trouvait. Un genre de Les Zamours alcoolique. Bien sûr elle aurait eu une chance de très peu boire si Bougie n’avait pas répondu que des trucs absurdes du genre que son animal préféré c’était l’éléphant (alors qu’en fait il paraît que c’est le pingouin, je te demande un peu), ou que ce qu’il n’aimait pas manger c’était des bites. Ah quoique celle là elle l’avait devinée.
A un shot la question et sachant qu’on avait droit à des verres à shot grand format avec quasi de la vodka pure dedans, on a fini bien éméchées, surtout Carotte.
Le lendemain on s’est levées à l’aube, vers 12h du mat’, l’œil vitreux et le cheveu terne. Le plan était simple : aller à la plage en métro telles les autochtones, puis de se trouver à bouffer sur place. Voilà. Simple, concis. C’aurait pu se passer agréablement, si on s’était pas fadées la route à 40 degrés le long du chemin de fer sur 500 mètres au lieu de simplement longer le rivage. La bonne nouvelle c’est qu’au bout du chemin il y avait un beau resto avec du homard dedans #autop.
Y avait aussi une meuf sur la plage qui a proposé de masser Carotte pour 5 euros, bien sûr on a sauté sur l’occaz, et j’avoue qu’au vu du tremblement massif de fessier qu’elle a provoqué grâce à des efforts massants localisés, ç’aurait été vraiment dommage de se passer de ses services.
A l’aise.
Bon maintenant si je te dis vélo tu me dis ? Non pas Tour de France, on s’en bat les c’ du Tour de France. Bon et si je te dis bière ? Oui, vélo, bière, ça t’évoque quoi ? Quelque chose d’antinomique ? Un truc con ?
ET BIEN non ça n’est pas antinomique et oui c’est très con, puisque notre activité de début de soirée a été le Bierbike, c’est à dire en français le Bièrevélo (tu vois je t’avais pas induit en erreur avec mes indices).
Mais qu’est ce que le Bièrevélo, me demanderas-tu ? Et bien c’est très simple : imagine 10 personnes assises face à face autour d’une table rectangulaire, 5 d’un côté et 5 de l’autre. Imagine maintenant qu’à la place de la table il y a un comptoir en U avec à l’intérieur un mec avec un volant, qu’à la place des chaises il y a des selles et des pédales, et que le tout est sur roues actionnées par l’ensemble des pédales des 10 personnes ?
Tu l’as ?
Non ?
Bon, je suis bonne princesse je te mets une photo.
On pédale et on boit !! Trop contents !!
AH ! Pas mal hein ? Une activité saine et complètement absurde, c’était parfait. Sauf que normalement l’intérêt du Bièrevélo c’est de se balader en ville en même temps de boire, histoire de profiter du paysage. C’est pourquoi on a été un peu surprises quand le mec que nous attendions au centre ville de Barcelone est venu non pas avec la machine attendue, mais avec deux voitures normales pour nous transférer sur les lieux de l’activité. Lieu qui s’est avéré être un parking coincé entre la mer et une usine, et qui n’était certainement pas dans Barcelone. Genre l’activité complètement illégale, surtout que le paiement était exigé en liquide, donc à mon avis on était en plein trafic de Bièrevélo non autorisé avec dessous de table au gardien de parking d’usine.
Au début on a un peu pris peur parce que les gros anglais qui occupaient la machine avant nous nous ont laissé la place tout suants en nous mettant en garde « Careful, ça va very vite » (je traduits pour que tu comprennes), et effectivement ils avaient l’air au bout de leur vie. Or, comme nous avions prévu de ne plus retourner à l’appart de la soirée, nous étions toute pomponnées avec nos robes de soirée et l’ombre à paupières bien posée. On s’apprêtait donc à suer sang et eau au rythme effréné de la machine, mais la réalité fut toute autre. Car si nous avons bien sué sang et eau et gâché tout mascara non waterproof, c’était pour faire du 5cm à l’heure, tellement on allait nulle part, chargées comme on l’était de 14 mollets plus ou moins tout mous dont les miens, et de 4 autres inutiles puisqu’appartenant à des femmes enceintes. Sans compter le gras de fesses qui allait avec.
Le mec au volant sérieusement il avait le temps de se passer toute la discographie de Maitre Gims (ce qui n’est pas peu dire, vu que l’homme colonise les ondes tel l’acné sur une tronche d’ado) rien que le temps qu’on arrive à un endroit nécessitant une action de sa part. 9 meufs en tenue de soirée en train de se vider de leur eau pour trainer une machine moche autour d’un parking à la vitesse d’une limace anémique, le tout ponctué de jeux à boire à base de sangria et de bière, c’est sûr que ça valait le détour.
Surtout que le mec qui nous avait amenées à l’aller et censé nous ramener au retour se torchait allègrement à lui tout seul une bouteille de bière d’1,5 litres, comme ça direct au goulot, comme un bonhomme. Un bonhomme qui voulait notre MORT. Petit coup de flip pendant le trajet de retour.
Notre chauffeur barcelonais, vue d’artiste.
L’avantage quand même de sortir entre nanas avec un minimum de classe en termes de dresscode (parce qu’à part ça y avait pas tellement de classe dans le discours), c’est quand même quand tu arrives devant les boîtes en front de mer, avec 200 mètres de queue devant chacune, et qu’un rabatteur arrive et te fasse rentrer en VIP. Genre à peine arrivées on a niqué toute la queue comme ça : BIM, direct dedans, comme un pénis dans un film porno. Ah, ça je t’avais dit qu’on n’était pas classes.
Danse, verres (de coca pour celles qui avaient l’utérus occupé), danse, verres… on a fini devant la boîte côté mer, histoire que Delune et Carotte se remettent du choc générationnel qu’elles venaient de subir lorsque deux allemands leur ont demandé avec l’œil coquin quel âge elles avaient. Flairant le choc, Delune a demandé au germain de lui dire quel âge il pensait qu’elle avait. « Bah, 18-20 », a répondu le teuton. Ouais, presque, « 29 », a rectifié Delune. Le mec avait tellement les yeux qui lui sortaient du crâne qu’elles ont failli marcher dessus. Bref, ils avaient 19 ans, et ils ont passé leur chemin.
Quelle meilleure fin de soirée que cette vision de la mer, à discuter de la vie, de l’avenir, des couches… Des couches ? Et oui, quand la moitié des meufs sont maman ou vont l’être, le visage des fins de soirée change légèrement. On passe du vomi aux partages d’expériences parentales.
Mais entre nous, comme fin de soirée j’ai toujours été plus front de mer que front sur la cuvette, comme meuf.
Le lendemain on partait tôt pour le retour à Paris, mais on a frôlé la rallonge de séjour surprise, dans la mesure où pour une raison inconnue, une minute on était larges on s’achetait du manger à la boulangerie du coin, et la suivante le navette partait dans 10 minutes et on devait courir comme Florent Pagny devant un coiffeur.
Je te dis pas la gueule des meufs une fois arrivées, par chance, dans la navette : de vieilles flaques avec l’œil vitreux de la soirée de la veille, autant te dire qu’on n’a fait que pioncer.
Et tu sais quoi ? Ben franchement ce serait à refaire je le referais tout pareil.
Sauf que cette fois je penserais à prendre ma brosse à dents, peut-être.
C’est toujours plus confo.
Longue vie à Carotte et Bougie !