Archives Mensuelles: avril 2017

Aujourd’hui, c’est câlin

On se demande souvent si on est les seuls.

Suis-je la seule à ne pas supporter de faire une nuit blanche ?

Suis-je seule dans ma détestation des bananes ?

Est ce que quelqu’un d’autre que moi est déjà tombé amoureux de Donatello la Tortue Ninja violette ?

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Sous les commentaires YouTube, cette interrogation revient souvent

Je t’épargne le suspens : non, je ne suis pas la seule (déso Donnie, je vais devoir accepter de te partager).

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Sexy Donnie – Credits TechnoRa1nSh1ne

A 7 milliards d’être humains sur Terre, je pense qu’il est à peu près impossible d’avoir une pensée qui n’a pas déjà été formulée. Pourtant, me diras-tu, il y a bien une personne à un moment qui a eu cette pensée particulière la première fois ?? Et bien non, mon jeune ami (car ce weekend je tourne à 28 ans, et je n’ai donc plus droit à la carte jeune de la SNCF, et donc je ne suis plus que vieillesse). Car savoir qui a pensé en premier que le gros orteil est tout de même bien relou à ne pas savoir s’il est mieux légèrement au dessus ou légèrement en dessous des autres, ça oblige à se demander 1) si on cherche le premier mec qui a formulé cette pensée ou 2) s’il faut remonter au premier semi primate à avoir agité les doigts de pieds avec une grimace d’inconfort (auquel cas bon courage).

En gros, ça revient à la question de l’œuf ou la poule : les doigts de pieds ont ils été à l’origine de la pensée selon laquelle le gros orteil est bien relou, ou bien est ce la capacité de penser qui a permis de confronter ce bâtard de gros orteil ?

Pour le gros doigt de pied je sais pas, mais pour l’œuf et la poule, la réponse m’a toujours semblée évidente : l’œuf est là depuis bien plus longtemps que la poule. A l’époque où ses arrières arrières arrières ancêtres étaient des reptiles avec pour seul point commun de ne pas voler, ils pondaient DEJA des oeufs. DONC l’œuf est arrivé en premier, FIN de l’histoire !

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Petit bâtard, quand je pense à tout ce que j’ai poussé pour toi

Et conclusion, il n’y a pas eu de première fois qu’une pensée ou une émotion a été ressentie : elles ont toujours existé depuis qu’il y a des êtres vivants, avec des évolutions et variations continues à mesure que la conscience évoluait.

Cela étant, on est quand même d’accord qu’il a fallut attendre l’apparition des orteils pour que la sensation d’inconfort face à l’indécision du positionnement du plus gros vienne à l’esprit de la créature qui les possède.

Où est ce que je veux en venir, avec cette histoire, finalement ?

Et bien, jeune personne, c’est que peu importe ton incertitude devant la puterie de la vie, peu importe la taille du carré d’herbe qu’on t’a coupé sous les pieds et peu importe à quel point tu fantasmes sur les personnages de comics : tu n’es pas seul.

Et c’est toujours réconfortant de s’en rappeler.

#câlin

Bravo pour ton boulot, tu es virée !

  • Bon, je ne vais pas tourner autour du pot : ça ne va pas être possible, on ne va pas continuer ensemble.

On visualise mais on ne ressent pas toujours ce que signifie l’expression « se faire couper l’herbe sous les pieds ». On pourrait également utiliser l’expression « monter les marches et penser qu’il en reste encore une alors qu’on a atteint le palier », mais ce serait trop long. L’avantage cela dit, c’est que tout le monde a déjà expérimenté ça : le vide sous sa semelle, cette sensation de vertige passager, la surprise, la peur, la confusion, le cœur qui manque un battement, avant enfin de retrouver la sensation rassurante et familière du palier solide sous son pieds.

Ben quand on se fait virer, c’est la même chose, à la différence que cette sensation est diluée sur beaucoup plus de temps. Les quelques secondes de trauma deviennent des jours d’hébétude, à se demander : pourquoi n’a-t-on plus voulu de moi ?

Le vrai danger du licenciement quand on travaille dans un secteur qui recrute un minimum, ça n’est pas tant de se retrouver sans ressources que de perdre sa confiance en soi. Replonger dans son soi adolescent à côté de qui personne ne voulait s’asseoir dans le bus, ou qui s’est retrouvé dans la chambre du fond en colo, celle que personne n’avait choisie.

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Boude pas John Bob, c’est juste que t’es nul, c’est pas ta faute

Bon retour à Rejet-Land, le pays où tout le monde te trouve incompétente ! Cela dit ça n’est pas vraiment ce qui m’est arrivé, dans la mesure où la seconde phrase de mon désormais ex-chef fut :

  • Tu as fait un excellent travail, vraiment, et tu es une vraie bosseuse, mais je trouve que tu es trop individualiste.

Ce qui dans sa bouche et au vu des exemples donnés, sonnait curieusement comme « vénale ». Et tu sais ce qui est curieux finalement ? C’est qu’au cours de mes multiples expériences pro, j’ai eu pas moins de 6 chefs différents. Des 6, 2 étaient des radins absolus pour lesquels j’ai dû renoncer à une partie de ma rémunération contre la promesse d’un boulot nouveau et enrichissant. Toujours sur ces 6 chefs, 2 d’entre eux seulement m’ont traitée de femme vénale. Et devine quoi, c’étaient les mêmes ! De là à dire qu’il y a un rapport entre le fait d’être radasse et considérer que les employés sont bien outrecuidants de ne pas se contenter du plaisir de leur compagnie pour toute prime, il n’y a qu’un pet de mouche que je me fais une joie de fournir.

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Et BIM, voilà votre prime imaginaire pour pouvoir manger plein de bouffe imaginaire ! Oh le chanceux !

  • Tu sais, je suis à un moment du développement de ma boîte où j’ai besoin de quelqu’un qui donne plus qu’il ne reçoit.

Ah tiens, ça c’est intéressant ! Je penserai à la sortir à mon conseiller bancaire, celle là, avec un peu de chance ça me permettra de transmuter les billets de 10 en billets de 20. En arriver à un point où il te semble légitime de formuler ce type de requête à un employé qui venait justement de passer trois mois de sa vie à travailler comme une vache laitière pour moins d’argent qu’avant, c’est quand même culotté, il faut l’admettre.

  • En tout cas, je ne garderai que de bons souvenirs de notre collaboration !

Ah, ben ça me fait bien plaisir de l’entendre ! Pareil pour moi, surtout il y a deux minutes quand tu m’as virée, c’était vraiment mon moment préféré. On est à deux auriculaires de s’inviter à bouffer un dimanche sur deux à ce que je vois, ça fait vraiment plaisir.

Conclusion :

On est donc sur la fameuse ficelle de rupture « c’est pas toi, c’est moi », qui, si elle ne fonctionne absolument plus dans le cadre des relations de couple maintenant que tout le monde l’a bien examinée sous toutes ses coutures et décidé que c’était bien du foutage de gueule, a du coup été allègrement reprise dans le contexte professionnel.

Mais je te rassure, c’est toujours bel et bien du foutage de gueule.

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